Compte-rendu du 2ème club de lecture (novembre 2012) – Thème : La famille

Nous étions dix à nous retrouver en ce 7 novembre 2012 pour parler de livres autour du thème de la famille. Tous les livres abordés, à l’exception d’un, ont plu à nos lectrices et elles les conseillent vivement. Voici les titres concernés et les commentaires qui en ont été faits :

« La somme des jours » d’Isabel Allende est un récit autobiographique. Isabel Allende, nièce de Salvador Allende, est née au Chili en 1942. Après le coup d’État de Pinochet, elle fuit le Chili pour le Venezuela avant de s’installer en Californie. Elle a deux enfants, dont Paula, décédée en 1992 et qui lui inspirera un livre éponyme. Dans La somme des jours, Isabel Allende raconte à Paula ce que devient sa famille. Il s’agit de la somme des jours de deuil mais aussi de lumière car malgré les nombreux drames qui touchent cette famille (décès, maladies, séparations…), le récit d’Isabel Allende n’est pas triste, comme nous l’a dit la lectrice qui nous l’a présenté. La lumière vient surtout de ses petits enfants qui lui apportent beaucoup de joie. La famille est d’ailleurs représentée comme une tribu dont Isabel Allende est la chef, le pilier, celle qui aime et aide tout le monde. Loin de sa terre natale, elle semble ressentir le besoin de recréer des racines grâce à sa famille. Le récit mêle alors couleurs californiennes et chiliennes, grâce notamment à la correspondance entre Isabel Allende et sa mère restée au Chili qui lui permet de rapporter des anecdotes de son pays d’enfance. Objective et spontanée, Isabel Allende nous présente ainsi une famille moderne, avec ses moments de tourments et de rires, ses personnages bien réels qui s’aiment, se disputent, se séparent. La lectrice qui nous l’a présenté et dont tous les commentaires sont rapportés ici a également remarqué que comme d’autres livres d’Isabel Allende, La somme des jours est aussi le portrait d’une femme forte, hors du commun.

« La petite fille de Monsieur Linh » écrit par Philippe Claudel n’est pas un roman qui se raconte mais qui se lit. Poétique, surprenant, émouvant, il est vivement recommandé par ses lectrices. Court, agréable à lire, vous le finirez sans doute très vite.

« Le goût des pépins de pomme » de Katharina Hagena raconte l’histoire d’une jeune femme qui hérite de la maison de sa grand mère. Alors qu’elle redécouvre cette maison, les souvenirs reviennent et c’est le passé de la grand mère et de ses trois filles qui nous est reconstitué. Les allers et retours entre passé et présent sont nombreux et rapides, survenant parfois dans un même paragraphe voire une même phrase, ce qui rend l’intrigue difficile à suivre. Mais ceci ne nuit pas à l’intérêt apporté par le caractère psychologique de ce roman. Notre lectrice a surtout apprécié la description des relations familiales mais aussi les descriptions de paysages, de nourriture, très efficaces car elle vous donne la sensation d’y être ou d’avoir goûté l’aliment décrit. L’auteur s’attarde également beaucoup sur la sénilité et réussit à décrire ce processus avec humour.

« Monsieur Malaussène » fait partie de la saga Malaussène de Daniel Pennac qui compte aussi dans l’ordre de parution : Au bonheur des ogres, La Fée Carabine, La petite marchande de prose, Des Chrétiens et des Maures et Aux fruits de la passion, Monsieur Malaussène se situant juste après La petite marchande de prose. Nous avons eu la chance qu’une grande amatrice de Daniel Pennac nous présente cet épisode. Pour bien suivre l’intrigue de Monsieur Malaussène, il vaut mieux en effet avoir lu les tomes précédents.
Dans cet épisode où l’on retrouve les personnages récurrents de la saga, Benjamin Malaussène, bouc-émissaire de profession, va devenir père ce qui le préoccupe beaucoup. Dans le même temps, une cinémathèque doit se créer grâce au don d’un cinéphile qui n’aime pas le cinéma, ce qui sauverait le dernier cinéma de Belleville et ferait vivre l’ancien Belleville. Les intrigues s’imbriquent ainsi les unes dans les autres sous la plume allègre de Daniel Pennac qui sait aussi se faire lourde pour des moments riches en émotion. On y retrouve l’ambiance de Belleville, du village dans la grande ville, là où tout le monde se connaît et se dit bonjour.

« L’échappée belle » d’Anna Gavalda est un roman court et sympathique qui raconte l’escapade de trois frères et sœurs devenus adultes s’échappant d’un mariage de famille pour retrouver le petit dernier de la fratrie, guide dans un château. Pendant quelques heures, ils s’offrent ainsi une dernière journée d’enfance, une parenthèse qui fait du bien dans la vie d’adulte. Ce roman qui donne envie d’avoir plein de frères et sœurs fait passer un agréable moment de lecture.

« Et puis, Paulette… » de Barbara Constantine a de nouveau fait parler de lui car il trouve tout à fait sa place dans le thème de la famille puisqu’il s’agit finalement de l’histoire d’une famille qui se construit, plusieurs personnes esseulées se réunissant pour former une nouvelle tribu. Ce petit livre plein d’espoir est décidément un véritable coup de cœur.

Nous sommes passés rapidement sur « Le soleil des Scorta » de Laurent Gaudé, très beau roman qui retrace l’histoire de la lignée des Scorta, famille pauvre du sud de l’Italie. Le prix Goncourt lui a été décerné en 2004.

Enfin, « Les autres » d’Alice Ferney est le seul ouvrage à n’avoir pas convaincu ses lectrices. L’idée de départ paraissait pourtant prometteuse : Théo fête ses vingt ans en compagnie de sa famille et de quelques amis. Son grand frère lui offre un jeu un peu spécial pour l’occasion : un jeu psychologique qui permet de savoir ce que les autres pensent de soi. Susceptibles s’abstenir car les questions sont parfois délicates et peuvent facilement fâcher tout le monde. Malheureusement, ce roman traîne en longueur et sa forme narrative, certes originale, peut vite lasser. En effet, le récit de ce jeu est répété dans trois parties différentes : dans la première, nous lisons les choses pensées, c’est-à-dire les ressentis de chaque participant durant la partie ; dans la deuxième, nous avons les choses dites, composée donc de dialogues ; et dans la troisième, on nous présente les choses rapportées, c’est-à-dire le recul de chacun sur les autres. La deuxième partie, celle des choses dites, est la plus vivante et c’est aussi celle qui est la plus plaisante à lire. En revanche, les première et troisième parties peuvent ennuyer. Malgré tout, l’originalité de ce roman a intrigué l’auditoire et a pu attirer de futures lectrices.

Merci à toutes les participantes pour leur venue et leurs précieux commentaires que nous avons restitués ici, nous espérons les avoir rendus avec fidélité. Nous vous donnons rendez-vous à toutes et à tous le mercredi 5 décembre 2012 à 17h00 pour discuter de livres dans lesquels le bleu est à l’honneur.